Cabinets de conseil et IA à VivaTech 2025 : ce qu’il fallait retenir
- Giulia D'ATTILIA
- 19 juin
- 4 min de lecture
Du 11 au 14 juin 2025, la 9ème édition de VivaTech a transformé Paris en véritable capitale mondiale de la tech. L’intelligence artificielle, sans surprise, a dominé les échanges, les scènes et les stands. Mais au-delà de l’effervescence des start-ups et des géants de la Tech, ce sont notamment les cabinets de conseil qui ont posé les bases d’une nouvelle ère : celle d’une IA industrielle, responsable et européenne.
De l’IA testée en laboratoire à l’IA déployée à l'échelle de l'entreprise
Fin des "POC" (proof of concept") isolés ? Cette année, les cabinets de conseil ont martelé un message clair : il est temps de passer à l’échelle. McKinsey a ainsi présenté "Agents at Scale", une suite logicielle pour construire, déployer et orchestrer des agents autonomes dans l’entreprise. KPMG, de son côté, a détaillé une approche structurée de l’adoption de l’IA, articulée autour de cinq axes clairs : « AI Jumpstart » pour initier rapidement les projets, « AI Strategy » pour assurer un alignement avec les objectifs business, « AI Workforce » pour transformer les compétences internes, « AI Trust » pour garantir l’éthique et la conformité, et « AI Enablement » pour industrialiser les déploiements à grande échelle. Inetum pour sa part, montrait comment l’IA peut accélérer des activités très concrètes : réponses à appel d’offres, documentation de code, ou détection de fraude. Accenture, enfin, a présenté sa plateforme souveraine AI Refinery, pensée pour industrialiser l’IA en Europe.

Une IA européenne, sûre et conforme
Dans un contexte où la souveraineté numérique est plus que jamais stratégique, plusieurs cabinets ont affirmé leur volonté de créer une IA européenne, sûre, conforme et transparente. Accenture mise sur l’hébergement local et les GPU européens. Inetum, de son côté, multiplie les projets avec Google Cloud ou OVHCloud, en veillant à ce que ces collaborations s'inscrivent dans un cadre de souveraineté technologique et de conformité réglementaire. L'entreprise met notamment en avant des offres cloud dites "de confiance", c'est-à-dire hébergées sur des infrastructures localisées en Europe, respectueuses du RGPD, et souvent qualifiées SecNumCloud. Cet engagement permet à Inetum d'adresser les besoins spécifiques des secteurs sensibles, comme la santé ou les services publics. EY s’est appuyé sur ses partenaires Microsoft et NVIDIA pour proposer des démonstrations sectorielles sécurisées. KPMG, enfin, a mis en lumière sa plateforme Digital Gateway, spécialement conçue pour répondre aux besoins des directions fiscales et juridiques dans un cadre RGPD-compatible.
De l’IA utile à l’IA responsable
L’IA n’est pas seulement un sujet technologique. Elle doit être également éthique, sociale et environnementale. Ce message s’est largement diffusé dans les prises de parole des cabinets. Certains cabinets se sont interrogés sur les limites à poser à l’IA, tandis que d'autres appelaientt à dépasser la logique ESG réglementaire pour viser une transformation véritablement durable. McKinsey, de son côté, insiste sur l’interopérabilité des systèmes et la transparence. Deloitte pour sa part, a joué un rôle actif dans les AfricaTech Awards, récompensant des start-ups à impact sur le continent africain. Enfin, KPMG, très impliqué dans VivaTech4Change, a rappelé son engagement sociétal pour l’éducation et la diversité.
L’IA au cœur des activités métiers
L’une des grandes forces des cabinets présents à VivaTech a été de montrer que l’IA n’est plus une couche supplémentaire, mais un levier d’efficacité directement ancré dans les activités. KPMG Clara réinvente l’audit en automatisant l’analyse de données comptables à grande échelle. EY.ai optimise la supply chain, la finance ou les essais cliniques avec des agents intelligents sectoriels. Accenture, avec ses jumeaux numériques ou ses projets e-commerce déployés chez Nestlé ou KION, démontre que la promesse est déjà livrée dans l’industrie et le retail. Chez Inetum, les cas d’usage concrets incluent des agents conversationnels RH ou des solutions de lutte contre la fraude. Wavestone, enfin, montre comment l’IA s’intègre à la cybersécurité pour détecter les deepfakes et renforcer la protection dans les parcours clients du retail.
Écosystèmes et alliances : un jeu collectif
La grande réussite de VivaTech 2025 a peut-être été de réaffirmer que l’IA ne se construit pas seul. Les cabinets multiplient les alliances : EY avec Microsoft et NVIDIA, Accenture avec NVIDIA, Inetum avec Google Cloud ou Salesforce. McKinsey s’appuie sur QuantumBlack, KPMG sur SAP et S4/HANA.
Mais ces alliances ne sont pas qu'industrielles. Elles s'inscrivent aussi dans des dynamiques d'écosystèmes innovants. KPMG, par exemple, a mis en avant SustAInable Futures, un programme d'accompagnement de start-ups à impact. Deloitte, à travers les AfricaTech Awards, a aidé à faire émerger les meilleures jeunes pousses technologiques africaines. Wavestone a publié, en collaboration avec Bpifrance, un radar 2025 répertoriant les start-ups et scale-ups les plus prometteuses dans le domaine de la cybersécurité française. Quant à Sopra Steria, elle a pris part à l’initiative "Je choisis la French Tech" - aux côtés de 9 autres entreprises : ADP, Axa, BPCE, Capgemini, CMA CGM, EDG, Française des Jeux, Orange et SNCF - un programme inter-entreprises qui vise à flécher un milliard d’euros d’achats vers les start-ups françaises à très court terme.
Conclusion
L’IA entre dans une nouvelle phase : celle de la maturité. VivaTech 2025 en a été le témoin. Les cabinets de conseil ne sont pas de simples observateurs ni même de simples accompagnateurs. Ils conçoivent, réalisent, déploient. Leur vision est technologique, mais aussi sociétale, économique, réglementaire.
Et surtout, leur ambition est claire : faire de l’IA un moteur de transformation concrète pour les entreprises, et un levier d’impact pour la société.
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