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Si l’IA remplace les consultants juniors, comment devient-on consultant senior ?

Dernière mise à jour : il y a 5 jours

L'explosion de l’intelligence artificielle (notamment du GenAI) bouleverse de nombreux secteurs, et celui du conseil en stratégie n’y échappe pas. Les consultants juniors, chargés notamment de produire des slides, de réaliser des benchmarks ou d’analyser des données, voient une partie de leurs missions historiques progressivement automatisée, au moins partiellement. Face à cette réalité, une question fondamentale se pose : si l’IA remplace les consultants juniors, comment devient-on consultant senior ?



L’IA rebat les cartes du métier de consultant junior


Les grands cabinets de conseil en stratégie intègrent désormais des outils d’IA générative dans leurs processus internes : analyses de marché / benchmarks, génération de slides, recherche documentaire automatisée, etc. Les outils contemporains tels que ChatGPT, Perplexity ou Gamma permettent de réduire drastiquement le temps passé sur des tâches exécutives.


Conséquence directe : certaines activités typiquement confiées à des profils juniors sont en partie automatisées. Il s’agit notamment de :

  • la production ou le formattage de slides de présentation,

  • le traitement de données quantitatives simples,

  • la recherche d’informations sectorielles ou de benchmarks,

  • la rédaction de notes (comptes-rendus de réunions, résumés de textes, ...)

Mais si l’IA permet d'accélérer ces tâches, elle ne les comprend pas. Elle produit, mais ne juge pas. Elle exécute, mais ne pense pas. Le conseil ne se résume pas à produire des livrables, et c’est là que se situe la limite actuelle de l’automatisation; elle ne produit pas le "so what", tant attendu des consultants en stratégie.



Ce que l’IA ne remplace pas : les compétences clé du conseil


Malgré ses avancées spectaculaires, l’IA demeure à ce stade incapable de mener certaines missions fondamentales du consultant junior :

  • Conduire des entretiens clients ou experts : interagir, relancer, lire entre les lignes, comprendre les non-dits.

  • Structurer une problématique complexe : identifier les bons axes d’analyse, hiérarchiser / prioriser les enjeux, poser les bonnes hypothèses.

  • Construire un raisonnement stratégique : réaliser des arbitrages, proposer des recommandations contextualisées.

  • Adapter son message à un COMEX : storytelling, posture, reformulation des enjeux en "langage client".

Ce sont ces compétences qui font la différence entre un simple exécutant (pourquoi pas l'IA) et un consultant en stratégie crédible. Et aujourd’hui encore, seul un humain formé sur le terrain peut les développer.



Les nouveaux critères de valeur pour les profils juniors


Plutôt que de supprimer le rôle du consultant junior, l’IA invite à en redéfinir les contours. Les cabinets recherchent moins des profils "producteurs de slides" que des talents capables de :

  • Utiliser l’IA intelligemment : savoir prompté, valider, ajuster, contextualiser.

  • Analyser avec esprit critique : questionner les données, croiser les sources, repérer les incohérences.

  • Collaborer activement : posture client, travail en équipe, rôle d’interface entre les données bruts et les processus de décisions chez le client.

Le consultant junior devient progressivement un "analyste augmenté", capable de tirer parti de l’IA pour aller plus vite, mais aussi plus loin dans la compréhension des enjeux clients.


Consultant en stratégie junior augmenté

Quelles trajectoires pour les consultants de demain ?


La montée en puissance de l’IA pose une question structurante : si l’on automatise les premiers échelons de la courbe d’expérience, comment forme-t-on les futurs séniors ou managers ?

L’expérience terrain reste indispensable pour :

  • apprendre à interagir avec des clients (questionner, syndiquer, ...)

  • gérer l’incertitude,

  • arbitrer entre plusieurs options stratégiques.

L’erreur serait de croire qu’on peut faire l’économie de ces étapes. Le modèle du "senior sans passer junior" ne fonctionne pas. Ce qu’il faut, en revanche, c’est accélérer l’apprentissage grâce à l’IA, et non pas le court-circuiter.

Une nouvelle génération de talents tend à émerger...



Conclusion : Réinventer la formation, pas la supprimer

L’IA transforme le conseil, mais elle ne le remplace pas. Elle modifie le comment, pas le pourquoi. Ce que veulent les clients, ce sont des idées claires, des recommandations adaptées, une lecture fine de leurs enjeux. Cela demande encore (et sans doute pour longtemps) du jugement, de l’expérience et de l’intuition humaine.

Pour devenir un consultant senior pertinent demain, il faut donc aujourd’hui apprendre à travailler avec l’IA. Le véritable enjeu n’est donc pas de résister au changement, mais d’apprendre à l’intégrer intelligemment à chaque étape de son parcours.


 
 
 

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